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Localisation – Histoire – Patrimoine
Localisation – Histoire – Patrimoine

 

LOCALISATION

            
   Le village d’Andilly est situé dans le département de la Haute-Savoie de la région Rhône-Alpes. Andilly appartient à l’arrondissement de Saint-Julien-en-Genevois et au canton de Cruseilles. Andilly fait partie de l’une des 13 communes regroupées sous la CCPC (Communauté de Communes du Pays de Cruseilles). Le code Insee du village d’Andilly est le 74009. Le code postal du village d’Andilly est le 74350.

Géographie et carte d’Andilly :
  L’altitude de la mairie d’Andilly est de 757 mètres environ. La superficie d’Andilly est de 6.07 km ². Les villes et villages proches d’Andilly sont : Copponex (74) à 1.07 km, Cernex (74) à 1.33 km, Saint-Blaise (74) à 2.16 km, Cercier (74) à 3.52 km
 A mi-chemin entre Annecy et Genève, Andilly est situé à 6 kilomètres au nord-ouest de Cruseilles, sur le versant sud du col du Mont Sion, au sommet des collines bocagères, qui grimpent depuis la vallée des Usses, traversées ici par le Nant Trouble.
  Sa position géographique lui confère un climat doux et ensoleillé ; la température moyenne annuelle se situe autour de 11° c. Sa pluviosité moyenne se situe aux environs de 1200 mm annuels.
  La superficie totale de la commune est de 607 hectares. La population (andilloises et andillois ou andilliennes et andilliens) est de 797 habitants(2010), soit 131 habitants au km2, alors qu’elle n’était que de 509 en 1990, 320 en 1962 mais 681 en 1861.
  L’altitude moyenne est de 717 mètres ; ses latitude et longitude sont 46° 4’15″ Nord et 6°04’14″ Est.
  Composée de trois hameaux (Charly, Jussy et Saint-Symphorien), Andilly reste, malgré l’activité économique dynamique de la région et la proximité de Genève, une commune à l’habitat relativement dispersé qui s’est densifiérécemment dans les villages.

plan 1 Andilly

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REPÈRES HISTORIQUES  D’ANDILLY

             La petite commune d’Andilly a comme singularité le fait de regrouper 3 hameaux dont aucun ne porte ce nom : Charly, Jussy et St Symphorien. Son histoire ne recèle ni grands événements, ni grands hommes, mais comme pour beaucoup de communes rurales jusqu’au milieu du 20e siècle, une longue relation nourricière entre un terroir et ses habitants.

            D’une superficie de 600 hectares, le territoire andillois est disposé sur le Mont Sion (les Sons en parler local), colline de molasse recouverte de sédiments fluvio-glaciaires culminant à 860 m d’altitude au Crêt des Rippes. Les 3 hameaux sont étagés sur le versant sud, drainé par des ruisseaux comme le Nant Trouble ou celui de la Férande.

DES TEMPS ANCIENS OBSCURS

             Si l’occupation humaine la plus ancienne dans la région remonte à 14000 ans dans les abris sous roche au Pas de l’Echelle au pied du Salève avec les chasseurs-cueilleurs magdaléniens, rien de tel sur le territoire d’Andilly où les premiers habitants sédentaires s’installent probablement au Néolithique comme agriculteurs-éleveurs. Beaucoup plus tard, quelques siècles avant notre ère, la présence gauloise est attestée : le mot Sion venant d’ailleurs du celte sedunum signifiant hauteur fortifiée. La période gallo-romaine voit le paysage agraire se dessiner peu à peu avec 2 sites connus : sur le Mt Sion au Touvet et en contrebas de Jussy. Il s’agit de village dont quelques vestiges ont été retrouvés (fondations, tuiles, poteries et pièces).La toponymie communale remonte en partie à cette époque : Andilly viendrait d’Andius, nom gaulois latinisé en Andilliacum. Jussy dérive de deorsum (village du bas ) et Charly de quadrivium (carrefour). Tout près à Présilly, au pied du bois de Montailloux, les fouilles archéologiques de l’A41 ont permis de mettre à jour les fondations d’ un temple (fanum) constitué de 10 bâtiments dont une maquette est visible à la Maison du Salève. Le haut Moyen- Age est marqué par une grande insécurité avec les invasions de peuples germaniques dont les Burgondes qui ont pour capitale Genève. Plusieurs sépultures datant de cette époque ont été trouvées à Charly et Jussy.

UN COMBAT INCESSANT AVEC LA TERRE POUR SE NOURRIR

            Dès lors et ce  jusqu’à la Révolution Française, la vie des habitants de ce petit territoire est un combat incessant et opiniâtre avec la terre pour se nourrir, dans un cadre politico-économique contraignant (la seigneurie) et baigné par une religion et une Eglise très présentes. La population fluctue entre 200 et 500 âmes au gré des épidémies (la peste Noire de 1348 emporte un tiers des Européens) et des famines dues aux mauvaises récoltes, dépendantes des conditions climatiques. Le cadastre de 1730 nous donne une image précise de la paroisse. La plupart des Andillois sont paysans sur des petites exploitations (2 à 3 hectares en moyenne) avec une douzaine de parcelles dispersées pratiquant une polyculture d’auto-subsistance fondée sur les céréales transformées en pain ou en bouillie avec peu de bétail (2 vaches en moyenne). L’outillage et les pratiques culturales sont rudimentaires et permettent un rendement de 4 grains pour un. Il faut cependant noter l’inégalité des conditions entre une poignée de  « laboureurs » aisés et une masse de « brasiers » fort démunis. Signalons quelques artisans et commerçants comme un tailleur, un cordonnier ou encore 2 meuniers sur le Nant Trouble et la Férande avec moulins à grain et huile  et battoirs à chanvre. Au 18e siècle, nos ancêtres doivent compter avec un milieu parfois hostile comme en témoigne le registre paroissial de 1748 : « Jean Jacques Déléaval, 8 ans qui paissait les bestiaux, en partie dévoré par le loup, dans un pré  au dessus des Mollies… ». Notons qu’en 2008, le loup est réapparu à Andilly puisque le 10 octobre, il a dévoré un mouton sur le Mt Sion au hameau de Chez Gresat sur la commune voisine de Cernex ! Ces paysans travaillent dur pour nourrir leur famille nombreuse (6,8 personnes en moyenne par feu), mais aussi pour assumer les multiples prélèvements imposés par les seigneurs et ecclésiastiques. Andilly appartenait majoritairement à la seigneurie de Cernex autour de son château encore existant et les habitants devaient donc payer force impôts et taxes féodales : tailles, cens, droits de justice.

           La croyance religieuse est aussi un élément essentiel de la vie quotidienne avec une particularité : Andilly dispose de 2 églises. Celle de St Symphorien s’expliquerait par la présence également d’une maison forte du seigneur de Cernex, justifiant l’église paroissiale dans ce village pourtant le moins peuplé à l’époque. L’église filiale de Charly de style gothique tardif est due à Jacques Fusier, natif de ce village, vicaire général du diocèse de Genève, qui finance sa  construction en 1454 après une épidémie de peste. Elle est d’ailleurs dédiée à St Sébastien, censé protéger de cette maladie. Notons que le blason des Fusier visible sur le bâtiment (3 fuseaux) est devenu celui de la commune, symbolisant l’union entre ses 3 villages. En 1787, suite à un incendie, l’église est surmontée d’un clocher à bulbe et l’ensemble est aujourd’hui classé monument historique. Le chapitre cathédral de Genève ainsi que la Chartreuse de Pomier, toute proche, possèdent également des terres et des intérêts sur la paroisse, en particulier sur le Mt Sion au Touvet.

 UN CLOCHE MERLE SAVOYARD

          Le 19e siècle voit avec les progrès agricoles une poussée démographique, mais aussi l’affirmation de tensions incessantes entre les 3 villages. La population s’accroit surtout grâce à une baisse de la mortalité (disparition des famines et épidémies) et atteint son maximum en 1860 avec 680 habitants. Notons qu’il faudra attendre 2003 pour dépasser ce chiffre, mais dans un nombre de logements triplé ! L’introduction de la pomme de terre à la fin du 18e siècle par le curé Pignarre, véritable Parmentier local, apporte un complément alimentaire essentiel au pain.

         D’autre part, les cultures de céréales, principalement vivrières, cèdent le pas aux prairies pour l’élevage laitier, avec la création des fruitières construites sur le modèle fribourgeois. En 1864, à Jussy-Malbuisson, puis l’année suivante à Charly, les bâtiments sont construits avec un fonctionnement coopératif et la fabrication de fromage  par un fruitier. L’agriculture de subsistance devient ainsi marchande, d’autant plus que la commune bénéficie de voies de communication améliorées. La route  royale, puis impériale, puis nationale passe à Jussy au lieu de St Blaise à la fin du 18e siècle, « désenclavant» la commune et ses habitants et induisant un développement commercial de ce village.

          C’est justement au 19e et au début du 20e siècle que les Andillois se déchirent de part et d’autre du Nant Trouble, en des joutes moins plaisantes que celles des  Grandes Médiévales dont le théatre actuel est le parc des Moulins. Tous les prétextes sont bons pour voir s’opposer ceux du haut (Charly) et ceux du bas (Jussy et St Symphorien). L’église paroissiale est âprement disputée, ceux de Charly arguant de leur supériorité numérique (plus de la moitié des habitants). De 1806 à 1809, le curé de la paroisse, domicilié à St Symphorien, refusant de venir dire la messe et pratiquer les enterrements à Charly, les habitants de ce village durant 4 ans enterrent leurs morts en l’absence du prêtre, qui précise néanmoins dans les registres d’état civil  « encrotté comme les animaux ». Quand l’évèque et le préfet imposent un compromis, les tensions persistent : habitants du haut et ceux du bas entrent dans l’église de St Symphorien par 2 portes différentes. En 1887, devant le mauvais état de l’église paroissiale, les conseillers municipaux de Charly proposent de la détruire et d’en construire une nouvelle, près de leur village. 3 ans plus tôt, ils avaient même demandé au préfet de changer le nom de la commune et de l’appeler Charly, lequel se hâtait de ne rien décider. L’école n’échappe pas à la guerre communale. En effet, face à l’expansion démographique et aux lois Jules Ferry de 1881, la commune doit se doter d’un nouveau bâtiment scolaire. Après maintes anicroches au conseil municipal, il est finalement décidé d’en construire 2, une pour Charly et une pour Jussy-St Symphorien. La 1ere guerre mondiale est particulièrement meurtrière pour les Andillois avec 28 morts au front, ce qui représente plus de 6% de la population. En 1921, quand il s’agit de construire un monument aux morts comme dans les 36000 communes de France, la guerre n’est pas finie à Andilly. En effet, le conseil décide de l’érection de 2 monuments identiques dans les 2 cimetières, le hasard voulant qu’il y ait 14 noms sur chacun ! La commune s’est d’ailleurs endettée 25 ans pour les financer, et cette gémellité empêche toute cérémonie le 11 novembre. Enfin, la bipolarité communale se traduit par des affrontements pour l’élection du maire, d’autant plus que pendant longtemps, il y eut 2 sections électorales avec un même nombre de conseillers pour le haut et pour le bas. Ainsi, à 9 reprises, le maire ou l’adjoint sont élus au bénéfice de l’âge : en 1923, Pierre Magnin (91 ans) de St Symphorien l’emporte sur Joseph Cusin de Charly, un jeune de 75 printemps ! On peut parler de gérontocratie municipale pour cette époque.

          Ces querelles s’apaisent fort heureusement après la seconde guerre mondiale, d’autant plus que les sections électorales sont supprimées en 1971, et surtout que la commune comme toute la région voit affluer une population extérieure nombreuse induite par la proximité de Genève.

ANDILLY AU XXIe SIECLE

          L’agriculture aujourd’hui ne représente plus l’activité dominante : 4 exploitations contre 158 en 1730 ! La majorité des emplois est à Genève, d’où un phénomène de rurbanisation et de commune dortoir. La dynamique de la Haute-Savoie et surtout de la zone frontalière a induit depuis trente ans une croissance démographique forte avec une estimation actuelle à près de 800 habitants. Si la vie des Andillois actuels est bien plus facile que  celle de leurs ancêtres et en particulier en termes de niveau de vie, la modernité  s’accompagne néanmoins de maux plus insidieux : liens sociaux rompus, anonymat, individualisme, pyramide sociale tronquée du fait du coût foncier, désertification diurne de nos villages, monopole de l’automobile, atteinte irrémédiable au patrimoine paysager…

           Le développement de ce dernier siècle, à Andilly comme ailleurs, n’apparaît pas comme véritablement durable. Il est de la responsabilité des générations actuelles de préparer un futur viable pour tous, avec un œil sur le rétroviseur de l’histoire.

 D’après la monographie écrite par DOMINIQUE BOUVERAT, à paraître prochainement éditée par LA SALEVIENNE